18, le cap

Je me disais ce soir en la regardant, que la prochaine fois que son anniversaire commencera par 18, ce sera pour sa majorité. Je me disais que ce n'était pas pour demain, que j'avais le temps. Je me plaisais à imaginer à quoi elle ressemblerait, quelle serait sa personnalité, ce qu'elle aimerait, qui elle aimerait, et ce qu'elle ferait de sa vie. Autant vous dire que ma boîte à rêves a bien fonctionné et qu'il y a eu pléthore de possibilités.

Et puis, sans faire attention, en synchronisant mes photos, je suis tombée sur celles de sa naissance, juste à côté de celles d'aujourd'hui. Gloups, j'ai avalé ma salive. Comment est-ce possible? C'est passé si vite... Alors les 18 ans, ce n'est pas aussi loin que je le pense.

Enfin, on a le temps, quand même. Pour le moment, on en est aux dix huit mois. C'est fondé, tout ce qui est dit et écrit sur cet âge, il y a vraiment un avant et un après 18 mois. De bébé, ils deviennent des enfants. Elle comprend tout. Elle échange, commence à parler, fait des blagues et affirme ses volontés.

Pour illustrer ce cap, je n'ai rien trouvé de mieux que de vous donner quelques exemples:

- Quand le soir nous faisons le gâté du soir (dans certaines régions vous appelez ça un câlin), je lui murmure toujours, depuis ses premiers jours, que je l'aime. Depuis une semaine, elle me répond, en murmurant elle aussi. Chair de poule assurée à chaque fois. Même si les mots ne sont pas les bons, j'ai ce sentiment que le fond y est.

- Elle vogue, va, vient et revient, avec réflexion et prudence. Je suis dans le jardin, elle entre dans la maison, va chercher un jouet, et revient me voir. Il y a des marches de différentes hauteurs sur tout le chemin, elle les gravit, avec ambition, et les descend, prudemment. Même si l'herbe l'inquiète encore car elle a du mal a appréhender le relief, elle est de plus en plus autonome chez elle.

- Elle ne veut plus manger comme un bébé. Ce soir, elle a envoyé valser ma purée carottes/patate douce qu'elle aime tant d'habitude. Elle voulait du concombre, des betteraves et des pâtes! Pas de compote non plus, des fraises et du kiwi. Bref, je n'ai plus la loi et je n'arrive plus à la duper sur la nourriture. Mais quels progrès! oui quand il n'y a que ça au menu, je n'ai pas envie de re-cuisiner, alors je dupe ma fille. Ceci dit, elle garde sa curiosité gustative, alors que nous sommes dans la phase théorique de néophobie (peur du nouveau, rejet de la nouveauté, et notamment des aliments, de 18 à 24 mois)

- Elle comprend tout ce qu'on lui dit. "Dis bonjour, dis au revoir, on monte, on descend, va dans le salon, où sont tes chaussures, on va se laver les dents..." Ce n'est plus qu'une question de mots entendus et compris, elle interprète maintenant les phrases, prend possession de la grammaire et la conjugaison.

- Elle a bien intégré certains liens de causes à effets. Je me cogne? Si je touche l'endroit où j'ai mal en regardant Maman, elle me fait un bisou et ça va mieux. D'ailleurs, si elle vient en pleurant vers moi après une chute (car c'est un automatisme : patatra = Maman), si je lui demande où elle a mal, où est son bibi? Elle me le montre sans hésiter.

- Elle sait dire NON, mais pas OUI. Ca l'embête bien quand je lui demande si elle veut du fromage ou un gâteau. Elle ne dit pas NON car elle sait que je ne lui en donnerai pas, mais elle ne dit pas OUI non plus, elle tend la main. Ca va venir, on y est presque!

Ce week-end, on est entre filles, et je ne me suis jamais autant éclatée que depuis qu'elle est née. Non pas que ce n'était pas bien avant, mais ce n'était pas "l'éclate", c'était plutôt du cocooning, du maternage. Là, on se marre : on jardine, on cuisine, on va se balader, on joue à cache cache, on saute sur le lit et on roule sur le tapis. C'est juste génial...

Alors je me dis que si ça continue comme ça, crescendo, être parent c'est vraiment un accomplissement!

Bon dimanche les amis.